Recommandations :
- Recommandation 1 : Que le gouvernement verse 1,5 million de dollars sur deux ans pour mener à bien une étude complète du secteur du travail social.
- Recommandation 2 : Que le gouvernement inscrive les travailleuses et travailleurs sociaux à la liste des professionnels admissibles au Programme canadien d’exonération des prêts d’études.
Contexte
L’Association canadienne des travailleuses et des travailleurs sociaux (ACTS) exprime sa satisfaction de contribuer à la consultation prébudgétaire 2024 initiée par le gouvernement du Canada. En tant que fédération nationale regroupant les professionnelles et professionnels du travail social à travers dix organisations partenaires provinciales et territoriales, l’ACTS s’investit dans la valorisation de cette profession et dans la promotion de la justice sociale sur l’ensemble du territoire canadien.
Les professionnelles et professionnels du secteur social constituent un élément essentiel de la main-d’œuvre dans le domaine de la santé et des services sociaux au Canada. Ils interviennent en première ligne dans divers programmes et institutions, acquérant ainsi une expérience précieuse sur les fronts des inégalités sociales et économiques, de la santé physique et mentale, des problématiques de toxicomanie, de criminalité, de victimisation, ainsi que sur les enjeux liés au bien-être des enfants. Grâce à leur formation et à leur rôle spécifiques, ils disposent d’une perspective cruciale pour garantir l’équité et la justice pour toutes et tous au Canada.
L’engagement pris par le Canada pour répondre aux défis rencontrés par les professionnelles et professionnels de la santé est source d’optimisme. Nous espérons que le gouvernement intégrera les travailleuses et travailleurs sociaux dans les discussions, au fur et à mesure que les initiatives en cours se poursuivront. Par ailleurs, les investissements sans précédent dans les systèmes de soins de santé du Canada, annoncés dans le budget de 2023, marquent un pas important vers l’amélioration des conditions sanitaires et sociales, en partenariat avec les organisations, les communautés autochtones, ainsi que les instances provinciales et territoriales.
Les orientations politiques de l’ACTS embrassent les principes de vérité et de réconciliation, ainsi que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Dans cet esprit, nous incitons le gouvernement fédéral à investir dans l’application de cette déclaration et à mettre en œuvre les recommandations issues de la Commission de vérité et de réconciliation, de même que les appels à la justice formulés lors de l’Enquête sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.
Nous formulons ci-dessous nos recommandations pour le budget fédéral de 2024, convaincus de leur importance pour l’amélioration des systèmes de soins de santé et sociaux au Canada.
Recommandation 1 : Que le gouvernement verse 1,5 million de dollars sur deux ans pour mener à bien une étude complète du secteur du travail social.
Actuellement, il est difficile d’évaluer précisément le nombre ou la proportion de travailleuses et travailleurs sociaux exerçant dans les différents champs de pratique au Canada, faute d’informations détaillées sur la démographie, le marché du travail, ainsi que les parcours d’études et de formation. Ces données sont pourtant cruciales, étant donné que les professionnelles et professionnels du travail social interviennent dans une multitude de milieux, notamment dans le secteur des soins de santé, contribuant au bien-être physique, mental et spirituel des Canadiennes et Canadiens. Pour que la main-d’œuvre en travail social puisse répondre efficacement aux besoins actuels et futurs de la population canadienne, il s’avère indispensable de procéder à une étude sectorielle approfondie sur cette profession.
La dernière analyse approfondie du secteur a été publiée en 2000, grâce à la collaboration d’organismes universitaires, professionnels et du secteur des services. Intitulée « Le travail social au Canada : une profession essentielle », cette étude a examiné les problématiques et les données démographiques spécifiques au domaine des services sociaux, dans le but de soutenir l’élaboration d’une stratégie à long terme pour les ressources humaines. Aujourd’hui plus que jamais, l’élaboration d’une telle stratégie en travail social est vitale pour le renforcement des systèmes de santé et de services sociaux au Canada.
Nous nous réjouissons de l’initiative prise par le gouvernement fédéral avec la création d’Effectif de la santé Canada, visant à améliorer la collecte de données et la planification des effectifs dans le domaine de la santé. Nous sommes également reconnaissants pour la possibilité offerte par le Programme de solutions pour la main-d’œuvre sectorielle (PSMS) d’Emploi et Développement social Canada (ESDC) de soumettre un projet de financement pour cette étude nécessaire. Le budget de 2024 représente pour le gouvernement une opportunité d’investir dans cette recherche sectorielle indispensable.
Les travailleurs sociaux inscrits jouent un rôle essentiel dans nos communautés, que ce soit dans les hôpitaux, les services de santé mentale, la protection de l’enfance, les soins de longue durée ou la lutte contre les dépendances. Membres intégraux des équipes de soins de santé interdisciplinaires, ils nécessitent une étude sectorielle pour s’assurer que la profession puisse répondre aux besoins sanitaires et sociaux en hausse au Canada. Les trois piliers de la profession – le Conseil canadien de réglementation du travail social (CCRTS), l’Association canadienne pour la formation en travail social (ACFTS) et l’Association canadienne des travailleuses et travailleurs sociaux (ACTS) – s’accordent sur l’importance capitale d’une telle étude et proposent de collaborer avec le gouvernement du Canada pour mener à bien cette initiative.
Demande de financement : 1,5 million de dollars
Recommandation 2 : Que le gouvernement inscrive les travailleuses et travailleurs sociaux à la liste des professionnels admissibles au Programme canadien d’exonération des prêts d’études.
L’Association canadienne des travailleuses et travailleurs sociaux (ACTS) accueille avec enthousiasme l’initiative du gouvernement d’inclure les professionnelles et professionnels du travail social parmi les bénéficiaires potentiels du Programme canadien d’exonération des prêts d’études, comme le mentionne la lettre de mandat du ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et de l’Intégration des personnes handicapées. Nous sommes stimulés par les avancées vers une augmentation de 50 % du plafond des prêts remboursables pour les professionnels de santé, incluant les médecins de famille et les infirmières. L’ACTS persiste dans son effort pour assurer l’éligibilité prochaine des travailleuses et travailleurs sociaux à ce programme, appuyée par de multiples arguments significatifs bien perçus par le gouvernement actuel.
Face aux nombreux déterminants sociaux de la santé qui aggravent les inégalités au Canada, ainsi qu’à la crise des ressources humaines dans le secteur de la santé, il devient primordial d’attirer et de fidéliser des professionnels qualifiés pour adresser ces enjeux. Or les travailleuses et travailleurs sociaux sont prêts à contribuer et représentent une partie de la solution.
Ces professionnel.le.s proposent de nombreux services thérapeutiques similaires à ceux des psychologues et des infirmières spécialisées en santé mentale, mais à un coût considérablement réduit. L’exploitation de leurs compétences représente une opportunité majeure, particulièrement en tenant compte des disparités entre les zones urbaines et rurales quant à l’accès aux services de santé mentale et physique, générant des délais d’attente excessifs et leurs conséquences dommageables.
Les travailleuses et travailleurs sociaux jouent également un rôle essentiel au sein des communautés autochtones, souvent situées dans des régions rurales ou isolées et gravement sous-desservies. Dans ces communautés, un seul praticien en santé mentale, comme un travailleur social, peut apporter une contribution substantielle en fournissant une gamme de soins incluant la gestion de cas, l’évaluation, le conseil et l’orientation vers d’autres ressources locales.
Pour réaliser pleinement leur potentiel, les travailleuses et travailleurs sociaux nécessitent un soutien adéquat. En leur offrant l’exonération de prêts, on habilite ces professionnels essentiels à fournir des soins de qualité à travers le Canada.
L’exonération des prêts bénéficierait particulièrement aux jeunes travailleuses et travailleurs sociaux, y compris ceux issus des communautés autochtones, désireux de servir leurs communautés rurales ou isolées mais limités par les contraintes financières. De plus, comme la profession est majoritairement féminine, cette mesure aurait un impact significatif sur l’émancipation économique et les opportunités professionnelles de nombreuses jeunes femmes dans le travail social en leur permettant de s’établir où elles le souhaitent.