19 janvier 2017
L’honorable Dre Jane Philpott
Ministre des Services aux Autochtones
Chambre des communes
Ottawa (Ontario)
K1A 0A6
Madame la Ministre,
Au nom de l’Association canadienne des travailleuses et travailleurs sociaux (ACTS), je vous remercie d’avoir convoqué une réunion d’urgence sur le bien-être des enfants autochtones au Canada et j’offre à votre gouvernement toute l’aide dont il pourrait avoir besoin de la part de notre association.
Nous convenons que la surreprésentation des enfants autochtones dans le système de protection de l’enfance est une crise humanitaire et nous préconisons depuis longtemps des investissements dans les déterminants sociaux de la santé qui aideraient à garder les familles et les collectivités intactes. La très grande majorité des travailleurs sociaux de la protection de l’enfance déclarent que la pauvreté – soit l’incapacité de répondre aux besoins élémentaires d’un enfant – nécessite une intervention.
Les travailleurs sociaux canadiens savent depuis longtemps que nos systèmes de protection de l’enfance sont défaillants. Souvent profondément ancrés dans les mêmes idéologies et politiques coloniales qui étaient à l’origine de la rafle des années soixante, de nombreux systèmes souffrent également d’un manque flagrant de financement et de ressources. On ne donne pas aux travailleurs sociaux de partout au Canada les outils dont ils ont besoin pour réussir, alors qu’ils font face à un nombre de cas incroyable et à des politiques qui ne reconnaissent pas la valeur de notre profession.
Bien que nous ayons des données quantitatives qui démontrent la surreprésentation effroyable des enfants autochtones parmi ceux qui sont pris en charge, nous n’avons que des preuves anecdotiques de l’ampleur du problème du point de vue des systèmes, surtout en ce qui concerne la déprofessionalisation des services de protection de l’enfance et la cause du fort roulement de personnel aux postes de protection de l’enfance. À cette fin, au début de 2017, nous avons lancé un Projet de protection de l’enfance.
Le Projet de protection de l’enfance a sondé près de 4 000 travailleurs sociaux au Canada et mené plus de 20 entrevues avec des experts et des chefs de file de chaque région. Le projet identifie ce que les travailleurs sociaux considèrent comme problématique dans les systèmes de protection de l’enfance. Il examine également ce que chaque administration entreprend pour assurer la réconciliation. La version finale de ce projet est en cours et nous communiquerons les résultats à votre bureau à la fin du printemps 2018.
L’ACTS a fait siens les 94 appels à l’action de la Commission de la vérité et de la réconciliation. Elle n’a jamais cessé de réclamer l’adoption complète du principe de Jordan. L’association continuera d’appuyer sans équivoque la demande de la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières nations de mettre fin immédiatement au financement inégal des enfants des Premières nations. De plus, à la fin de 2017, notre conseil d’administration s’est engagé à faire de la réconciliation un élément central de notre travail en tant qu’association.
L’affirmation des appels à l’action de la Commission de la vérité et de la réconciliation, et le profond regret pour le rôle de la profession dans l’infliction de préjudices aux peuples et aux collectivités des Premières Nations par des politiques et des pratiques colonisatrices ne sont que le début. Il faut agir pour transformer notre réalité coloniale en vue d’un avenir meilleur, et la profession du travail social est déterminée à faire partie de la solution.
L’ACTS continuera d’appuyer votre gouvernement en apportant une perspective d’humilité et de responsabilité aux efforts de justice sociale, en s’engageant à amplifier et à renforcer les voix et les causes autochtones et en veillant à ce que les travailleurs sociaux aient accès à l’éducation et à l’information pour favoriser la réconciliation dans leur propre pratique.
Cordialement,
Jan Christianson-Wood, M. Serv. Soc., TSI
Présidente de l’ACTS