Le 5 septembre 2018
L’honorable Ralph Goodale
Ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile
Chambre des communes
Ottawa (Ontario)
K1A 0A6
Monsieur le Ministre,
Au nom de l’Association canadienne des travailleuses et travailleurs sociaux (ACTS), je vous écris pour souligner encore une fois l’importance de l’inclusion des travailleuses et travailleurs sociaux dans les recherches et les initiatives futures portant sur le sujet des premiers intervenants/agents de la sécurité publique et l’incidence du syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Nous avions déjà écrit sur ce sujet à l’automne 2017, et nous avons maintenant de nouvelles données issues de notre récent grand projet de recherche sur les travailleurs sociaux et la protection de l’enfance au Canada Mieux comprendre les travailleuses et travailleurs sociaux en protection de l’enfance : constatations du sondage pancanadien et des interviews avec les experts.
L’ACTS a été très heureuse de constater que votre mandat comprenait la création d’une stratégie nationale sur le SSPT et que, avec les résultats récents d’une étude nationale sur les symptômes de troubles mentaux chez le personnel de la sécurité publique au Canada, confirmant l’impact négatif sur les premiers intervenants canadiens, le leadership de votre gouvernement est maintenant nécessaire pour définir la portée de la recherche et de la législation à venir.
À cette fin, l’ACTS s’inquiète de l’absence de définition stable des catégories d’agent de la sécurité publique et d’intervenant d’urgence. En effet, le rapport Les symptômes du trouble mental chez le personnel de la sécurité publique au Canada définit le personnel de la sécurité publique (PSP) comme « notamment les travailleurs correctionnels (rôles liés ou non à la sécurité), les répartiteurs, les pompiers, le personnel paramédical et les policiers ». Il est clair que ce titre peut comprendre de nombreux types de rôles et de professions. Il est primordial de définir la portée de ces titres pour s’assurer que tous les Canadiens à risque seront protégés contre le processus onéreux consistant à prouver que leur état est le résultat d’un traumatisme subi au travail.
Pour mettre notre profession en contexte, les travailleurs sociaux sont régulièrement exposés à des événements potentiellement traumatisants dans les domaines de la santé mentale, de la protection de l’enfance, des hôpitaux et d’autres milieux communautaires. De plus, la demande pour les compétences des travailleurs sociaux pendant les interventions d’urgence de la police augmente en raison de la fréquence des appels liés à la santé mentale.
En fait, les travailleurs sociaux sont souvent les premiers à intervenir et à enquêter sur des situations de violence physique, sexuelle et psychologique extrême. Dans ces circonstances, les travailleurs sociaux sont souvent appelés à mener des enquêtes d’urgence, souvent sans l’accompagnement des forces de l’ordre. Par conséquent, les travailleurs sociaux sont souvent témoins des actes les plus odieux que les êtres humains s’imposent les uns aux autres. Ils subissent souvent des traumatismes à la fois chroniques et aigus en raison du traitement constant du traumatisme d’autrui.
Plus précisément, notre nouveau projet de recherche, qui a été publié à la fin d’août 2018, brosse un sombre tableau des systèmes de protection de l’enfance dans chaque province et territoire. La recherche a pris deux formes principales : un questionnaire national bilingue rempli par plus de 3200 travailleurs sociaux, ainsi que des entretiens avec des responsables de la protection de l’enfance et des experts de différentes provinces.
Parmi les statistiques les plus importantes, on peut citer que 44 % des travailleurs sociaux dans des rôles de protection de l’enfance ont fait l’objet de menaces ou de violence au travail, et 45 % des travailleurs sociaux qui ont quitté le domaine l’ont fait en raison d’un traumatisme indirect ou d’un stress accablant.
Ces résultats montrent clairement la nécessité d’inclure les travailleurs sociaux dans les rôles de protection de l’enfance dans la loi afin de soutenir et de traiter le SSPT et les TSO. L’ACTS fait deux recommandations concrètes à cet égard :
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Davantage de recherches à l’échelle nationale pour mieux comprendre un plus grand nombre de professions touchées par les traumatismes liés au stress opérationnel (TSO), ce qui comprend le SSPT, afin de mieux protéger tous les Canadiens. L’ACTS demande plus de recherche sur les autres domaines de la pratique du travail social qui sont à risque de TSO, soit pour les intégrer dans la stratégie nationale actuellement proposée, soit pour étudier l’inclusion d’une catégorie de certaines professions de la santé et sociales.
- On doit établir un cadre qui améliorera la capacité de suivre le SSPT et tous les TSO, établir des lignes directrices pour le diagnostic, le traitement et la gestion, et créer des documents de formation à l’intention des fournisseurs de santé publique.
Encore une fois, au nom de la fédération de l’ACTS, nous nous réjouissons à la perspective d’appuyer votre bureau dans l’élaboration d’une stratégie nationale de lutte contre le SSPT qui englobe la profession du travail social.
Cordialement,
Jan Christianson-Wood, M. Serv. Soc., TSI
Présidente de l’ACTS