Comme beaucoup de Canadiens et de Canadiennes, lorsque j’ai appris que le premier ministre Justin Trudeau avait endossé une déclaration en faveur de la « guerre contre la drogue » menée par les États-Unis, je me suis posé des questions.
Est-ce le même premier ministre dont le gouvernement a fait des pas de géant pour abandonner la criminalisation de la toxicomanie et adopter une approche de santé publique à l’égard de la politique antidrogue?
Le même gouvernement fédéral qui a démontré l’importance de se battre pour les gens ordinaires en lançant la toute première stratégie nationale de logement et de réduction de la pauvreté?
En tant que travailleurs sociaux, nous comprenons que lorsqu’on lutte contre la drogue, on fait la guerre aux gens, ce que nous pensions que le gouvernement comprenait bien.
Par exemple, à la fin de 2016, l’Association canadienne des travailleuses et travailleurs sociaux (ACTS) a félicité le gouvernement fédéral pour son leadership en matière de réduction des méfaits en adoptant une nouvelle loi qui appuie l’ouverture de nouveaux centres d’injection supervisée.
Ce qui est tout aussi important, c’est que le gouvernement a transféré la responsabilité de la politique fédérale sur les drogues au ministre de la Santé – plutôt qu’au ministère de la Justice – en signalant qu’il comprenait que, fondamentalement, la consommation de drogues est d’abord un problème de santé.
Depuis, tout au long de la crise des opioïdes que nous vivons encore au Canada, de nombreux représentants du gouvernement Trudeau ont parlé de l’importance de mettre fin à la stigmatisation, d’appuyer la réhabilitation et d’adopter une approche de réduction des méfaits.
Alors, pourquoi semble-t-il revenir sur un élan aussi positif en adhérant à un document qui réitère l’importance de la criminalisation et du rôle de la police?
En tant que travailleuse sociale, je sais de première main que la criminalisation n’est pas la solution; ce sont les approches de réduction des méfaits et de santé publique qui sauveront des vies. Je crois, tout comme l’ACTS, que l’objectif premier de tout gouvernement devrait être de sauver des vies et de lutter pour que les gens vivent dans la dignité.
En fouillant un peu plus loin dans l’histoire, j’ai découvert que beaucoup d’autres défenseurs étaient consternés par le choix de Trudeau de signer cette déclaration. J’ai aussi découvert que de nombreux politicologues et analystes pensaient comprendre la véritable raison de cette décision apparemment déplacée, si mal alignée sur nos stratégies actuelles de réduction des méfaits liés aux drogues au Canada, parce que c’était logique sur le plan diplomatique, parce que c’était la voie de la moins grande résistance pendant cette période tendue de renégociation de l’ALENA avec les États-Unis.
Donc, bien que je comprenne les conséquences politiques possibles de ne pas signer avec les États-Unis, nous aurions fortement préféré être solidaires de notre premier ministre en contestant courageusement la logique mal avisée de perpétuer une guerre ratée de 50 ans contre la drogue.
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L’ACTS préconise la décriminalisation de l’usage personnel de toutes les substances psychoactives. Lisez notre déclaration.
L’ACTS compte appuyer le programme de réduction des méfaits du gouvernement du Canada.