L’Association canadienne des travailleuses et travailleurs sociaux (ACTS) publie aujourd’hui une étude majeure sur les travailleurs sociaux dans le domaine de la protection de l’enfance au Canada. Le document, intitulé Mieux comprendre les travailleuses et travailleurs sociaux en protection de l’enfance : constatations du sondage pancanadien et des interviews avec les experts, brosse également un tableau des systèmes de protection de l’enfance dans chaque province et territoire.
« Nous avons lancé ce projet parce que nous avions tant d’histoires, de preuves anecdotiques, sur les problèmes liés à la protection de l’enfance dans notre pays », a déclaré Jan Christianson-Wood, présidente de l’ACTS. « Non seulement des rapports d’épuisement professionnel, de stress post-traumatique et d’énormes charges de travail ayant un impact sur la pratique des travailleurs sociaux, mais aussi sur les problèmes critiques du système contribuant à des situations telles que la surreprésentation des Autochtones parmi les enfants pris en charge. »
La recherche a pris deux formes principales : un questionnaire national bilingue rempli par plus de 3200 travailleurs sociaux, ainsi que des entretiens avec des responsables de la protection de l’enfance et des experts de différentes provinces.
« La recherche est incroyablement convaincante – à la fois pour confirmer certaines de nos hypothèses sur la profession et pour révéler des surprises, a souligné Mme Christianson-Wood. Par exemple, on croit souvent qu’il est difficile de conserver des employés dans des postes de protection de l’enfance ou que les travailleurs sociaux ne travaillent dans ce champ de pratique qu’au début de leur carrière, mais nos recherches ont montré que plus de 60 % des travailleurs sociaux ont plus de 10 ans d’expérience dans le domaine. »
Parmi les autres statistiques les plus marquantes, citons : 75 % des travailleurs sociaux déclarent que des charges de travail ingérables constituent un problème critique dans leur pratique; 44 % ont fait l’objet de menaces ou de violence au travail; 45 % des travailleurs sociaux qui ont quitté le domaine l’ont fait à cause du stress ou d’un traumatisme vicariant; 72 % disent que les responsabilités administratives les empêchent de passer suffisamment de temps avec les clients.
« Nous considérons cette recherche comme une première étape cruciale », ajoute Mme Christianson-Wood. « Pour la première fois, nous avons une vue d’ensemble de la profession dans le domaine de la protection de l’enfance au Canada et cette recherche a révélé d’importantes causes à plaider : tant pour notre propre profession, pour ce qui est de promouvoir de meilleurs soutiens, de réduire la charge de travail et de remédier aux expériences croissantes de stress post-traumatique et de traumatismes vicariants que pour la société canadienne, pour ce qui est d’exiger immédiatement un financement égal pour les enfants et les familles autochtones, et de préconiser des systèmes qui aident le mieux les familles à rester intactes. »
Les données produites par ce projet sont à la fois troublantes et exaltantes, mais constituent avant tout une étape importante dans la recherche et le plaidoyer futurs. « Nous espérons également que cette recherche contribuera à inspirer la fierté envers la profession, tant de la part du public que des travailleurs sociaux eux-mêmes », a conclu Mme Christianson-Wood. « Quand 88 % des travailleurs sociaux qui déclarent que leurs collègues sont leur principale source de soutien, il importe de souligner le travail extraordinaire que nous accomplissons tout en prenant acte des prochains pas à faire vers un avenir meilleur pour toutes les familles canadiennes. »