8 juin 2020 — Alors que les médias sociaux ont fourni une plateforme pour faire la lumière sur les expériences de racisme présentes dans nos vies, les personnes de couleur en Amérique du Nord vivent cette réalité depuis que le colonialisme a établi une domination dans les territoires. Malgré les efforts de mobilisation et d’éducation par les communautés racialisées et leurs alliés, il a fallu que les événements dévastateurs de ces dernières semaines au Canada et aux États-Unis s’aggravent pour que l’attention collective se porte sur cette réalité vécue. On ne doit pas laisser échapper cette occasion : l’abomination de la violence à laquelle sont confrontées les personnes de couleur doit être contrée par un changement social de la même ampleur.
Les événements récents affirment, une fois de plus, que nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir dans la poursuite de la justice sociale pour les personnes racialisées, notamment en luttant pour la sécurité contre la violence et la discrimination et pour l’accès à un revenu vital, à un logement adéquat et à des soins de santé accessibles, ainsi qu’à de nombreux autres droits humains fondamentaux. Cette crise rappelle également que la réconciliation avec les peuples autochtones du Canada est la seule voie à suivre pour le travail social en tant que profession et pour le Canada en tant que pays. Nous ne pouvons pas avancer sans reconnaître les erreurs de notre passé et en tirer les leçons, sans faire preuve d’humilité et d’une volonté de collaboration et de changement véritables.
Si cette intensité de la couverture médiatique du racisme au Canada est peut-être nouvelle pour nos médias grand public et pour de nombreux médias sociaux de Canadiens blancs, il en va autrement pour les personnes de couleur à qui cette réalité ne paraît pas seulement banale, mais aussi attendue et anticipée. Il est impératif que les Blancs n’épuisent pas davantage l’énergie, les ressources et le temps des gens de couleur dans leur désir sincère d’être de meilleurs alliés. Nous devons être conscients et attentifs à la façon dont nos paroles et nos expériences peuvent avoir un impact et provoquer les personnes qui se sont battues à trouver leur propre voix, leur propre espace de sécurité en période de troubles.
Les Blancs privilégiés doivent adopter une position d’humilité ouverte et appréciative, accepter le malaise et s’engager à réfléchir sur la façon dont ils contribuent individuellement et collectivement au racisme au Canada, et sur la façon dont ils peuvent et doivent remettre en question le statu quo. Les travailleurs sociaux, qui sont profondément enracinés dans l’activisme communautaire et le changement sociétal, savent qu’être un allié va bien au-delà du partage des mots-clics sur les médias sociaux. Être un allié est un engagement permanent à vous éduquer sur toutes les formes de racisme infligées aux personnes et communautés racialisées, à écouter les voix racialisées, à les amplifier et à vous exprimer lorsqu’elles ne sont pas entendues. De nombreux travailleurs sociaux au Canada effectuent déjà ce travail essentiel et il ne faut pas perdre l’élan.
Les travailleurs sociaux doivent s’exprimer sur l’injustice : nous ne pouvons pas rester silencieux. L’ACTS se joint à l’Association des travailleurs sociaux noirs dans son engagement à combattre le traumatisme psychologique infligé par le racisme et à soutenir le développement sain des communautés afro-canadiennes dans leur quête de justice.
L’ACTS s’engage également à réfléchir sur son propre privilège en tant qu’organisation et s’efforce de faire respecter les principes de la Commission de la vérité et de la réconciliation sur le long chemin de la réconciliation.
L’ACTS demande au gouvernement du Canada de prendre des mesures immédiates et tangibles pour remédier à notre besoin de changement structurel par les moyens suivants :
- En reconnaissant l’histoire de l’esclavage au Canada par des excuses officielles reconnaissant l’asservissement des Canadiens noirs et la perpétuation continue d'un racisme systémique profond ;
- En respectant ses engagements envers l’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, ainsi qu’envers les appels à l’action de la Commission Vérité et Réconciliation ;
- En abolissant les peines minimales obligatoires pour les infractions liées à la drogue qui entraînent directement l’incarcération disproportionnée de groupes racialisés au sein du système de justice pénale ;
- En décriminalisant la consommation de substances psychotropes ;
- En recueillant des données subdivisés sur la race des victimes de la COVID-19 ;
- En examinant le rôle de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et des services policers locaux dans le but de rediriger les fonds vers des aides communautaires sans recours à la force meurtrière ;
- En imposant aux agents de la GRC et aux agents de police locaux le port de la caméra corporelle et la formation sur le désamorçage des tensions, spécialement dans les cas où s’entrecroisent les enjeux de santé mentale, d’intoxication et de race ;
- En mettant en œuvre une garantie de revenu de base universel.
Ressources de l’ACTS pour les alliés :
Centre de réconciliation de l’ACTS
Formation continue:
D'autres webinaires disponibles en anglais:
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