J’ai eu le privilège d’occuper le poste de directrice de l’ACTS pour le Manitoba de 1997 à 2002, période durant laquelle j’ai connu de nombreuses expériences merveilleuses, y compris rencontrer des collègues du Canada et d’autres pays au cours de divers événements.

Parmi les points saillants de mon mandat au Conseil, j’ai eu la chance d’assister à l’assemblée générale annuelle de l’Association des travailleurs sociaux du Nord canadien (ATSNC) tenue à Yellowknife en octobre 2001. Les membres du Conseil de l’ACTS étaient enthousiasmés de voyager dans le Nord et de souhaiter à nos collègues la bienvenue dans l’association nationale ainsi que d’en apprendre au sujet de la pratique du travail social dans des endroits éloignés et uniques.

Pour de nombreux participants, se rendre à Yellowknife représentait une expérience en soi. Mon vol a fait escale à Rankin Inlet, où nous sommes descendus et avons attendu que les marchandises destinées à cette collectivité soient déchargées. Lorsque nous sommes remontés à bord, il a fallu déglacer l’avion avant le décollage, car un blizzard débutait. Un employé en combinaison de ski a pulvérisé du liquide sur l’avion à partir de ce qui ressemblait à un tube-rallonge de lave-auto; nous espérions tous qu’il pourrait couvrir toute la surface de l’avion, sans oublier un centimètre! En fait, avant de monter dans l’avion à Winnipeg, on a exigé que tous les passagers acceptent la possibilité que l’avion ne puisse pas quitter Rankin Inlet; le cas échéant, nous serions responsables de trouver notre propre hébergement. Par chance, cela n’a pas été nécessaire, et nous avons atterri à Yellowknife comme prévu.

Mes premières images de Yellowknife ont été celles de belles lumières dans un ciel nocturne bleu marine. Le paysage y est austère – des arbres et des roches entourant le Grand lac des Esclaves situé au bord du centre-ville, où l’on peut voir durant le jour de nombreux bateaux et baraques de pêche pittoresques ornés de décorations artisanales. Toutefois, l’événement selon moi le plus impressionnant a été l’assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest qui nous a régalé d’un superbe banquet constitué de mets traditionnels et modernes, incluant de l’omble de l’Arctique, du caribou et de l’orignal. La nourriture était délicieuse, et le programme ainsi que les divertissements, professionnels. Nous avons également écouté des histoires émouvantes sur la pratique du travail social dans le Nord et rencontré un certain nombre de pionniers du domaine. L’écoute de ces histoires de créativité en matière d’acquisition de ressources, d’engagement envers les clients et les familles et de dévouement envers les communautés nous a rendus fiers de faire partie de la profession.

Le groupe de l’ACTS était logé dans une jolie résidence hôtelière avec salon et cuisine communs, deux chambres à coucher et salles de bain. Le coût était étonnamment raisonnable et nous avons fait occupation double afin de tirer avantage de l’espace et des économies. Ma compagne de résidence était la directrice générale de l’ACTS Eugenia Moreno. Je suis sûre que cette colocation a été mémorable pour Eugenia, parce que je me suis accidentellement verrouillée à l’extérieur et j’ai été forcée de frapper à la porte à plusieurs reprise aux petites heures du matin pour pouvoir rentrer (Eugenia s’est montrée gentille comme d’habitude). Les membres de l’ATSNC étaient bien organisés, et la réunion ainsi que la conférence se sont déroulé sans anicroche. Il faut faire preuve d’un niveau d’organisation accru lorsque presque tous les organisateurs doivent parcourir de longues distances et qu’ils ne se réunissent en personne qu’une ou deux fois par année parfois. Il en va de même pour les participants à la conférence – seulement un petit pourcentage d’entre eux vivent à Yellowknife; la plupart se sont déplacés en provenance de communautés de l’ensemble des TNO, du Nunavut et du Yukon.

L’ACTS a toujours été un organisme pratique qui profite de chaque occasion pour faire avancer le programme de la profession des travailleurs sociaux au Canada; nous avons donc tenu des réunions plénières du Conseil pendant notre séjour à Yellowknife. Le fait de travailler dans des milieux différents incite souvent à penser différemment, étant donné que l’on réagit à son environnement immédiat, ce qui s’est avéré dans ce cas-ci. Je me rappelle que les réunions de Yellowknife ont été particulièrement actives et excitantes avec beaucoup de discussions, car nous avons considéré diverses idées et initiatives visant à fournir un leadership et à promouvoir la profession. Parmi les projets sur lesquels nous avons travaillé, il y a eu le remaniement du Code de déontologie, divers exposés de position, des projets de promotion de la profession et des projets en collaboration avec une large gamme d’agences et de professions.

En assistant à la conférence et aux réunions de Yellowknife, j’ai eu la chance d’obtenir une perspective précieuse sur les défis que suscite la fourniture de services sociaux dans des emplacements nordiques éloignés ainsi que sur le dévouement et l’engagement incroyables de ceux qui fournissent ces services. Je n’ai observé que peu de sentiments de désespoir ou d’inutilité face à ces obstacles, mais plus plutôt un esprit d’enthousiasme, de débrouillardise et de créativité incroyable dans la vie des travailleurs sociaux et des membres de la communauté. Ce fut un privilège de participer, et je me souviendrai affectueusement de mon expérience dans le Nord avec l’ACTS.

Liz McLeod